Bonjour,
Vous pouvez télécharger le diaporama 181 ici :
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Cordialement.
Pierre Jarrige.
Extrait du livre Mille jour dans les airs de Jean-Renaud Guillemot (Amazone) En novembre 1958, je repartais pour un tour en Algérie, à Sidi-Bel-Abbès où était stationnée l’EALA 3/72 et la Légion Étrangère. C’était toujours l’Oranie, que j’avais connue en 1956 avec l’EALA 6/72 et le territoire m’était familier, le T-6 aussi. Il était maintenant équipé de de gondoles abritant chacune deux mitrailleuses de 7,5 mm à armement électrique. Les appuis-feu, les RAV ou les protections de convois, rien n’avait changé, si ce n’est que les « fells » maintenant portaient le même uniforme que les troupes françaises, les mêmes foulards d’identification, les mêmes casquettes, parlaient français dans leurs postes de radio et que ça devenait difficile de savoir sur qui il fallait tirer. Nous avions mis au point une méthode qui consistait à tourner sans se lasser au-dessus des troupes au sol non identifiées, jusqu’à ce qu’elles perdent patience et ouvrent le feu sur le T-6. Quand on entendait les premier impacts dans la carlingue, le doute était levé et on pouvait riposter. Je me souviens d’une fois où je ratissais à quelques mètres au fond d’un talweg, passant et repassant à hauteur des yeux devant des soldats en uniforme assis sur une des pentes et qui me faisaient des signes amicaux de la main. Mon camarade Alexis Beliaeff, observateur à l’arrière du T-6, n’arrêtait pas de me dire qu’on nous tirait dessus, mais j’avais des doutes et j’étai perplexe ! Je suis comme saint Thomas ! Jusqu’au moment où je vis l’un de ces phénomènes lever son fusil et m’épauler ! D’instinct, je reculais vivement la tête du côté opposé et me cognais brutalement contre la verrière. Il n’y avait plus de doute, ce n’étaient pas des amis ! Mon observateur avait vu juste ! Extrait du livre Mille jour dans les airs de Jean-Renaud Guillemot (Amazone)
Lors d’une opération importante dans le sud, une katiba avait été surprise et ça tirait ferme, avec déjà pas mal de dégâts de part et d’autre. Ryuko Czernij avait décollé sur alerte avec son équipier et revenait au terrain gravement touché. Moi-même, j’étais au point fixe, prêt à décoller pour le relever, quand je le vis s’approcher, semblant un peu groggy et parlant avec difficulté dans son laryngophone. Je compris qu’une balle avait percé le réservoir et qu’une autre avait sectionné les câbles du palonnier, rendant le T-6 pratiquement impossible à poser sans casse sur ses roues. Aussi, je m’égosillais à lui dire de se poser sur le ventre, dans l’herbe, mais il ne m’écouta pas, ou ne m’entendit pas. Il fit un atterrissage normal, du moins au début, car très vite l’avion, hors de contrôle et sans freins, commença à faire des embardées pour, finalement, passer sur le nez en pylône vertical où il hésita un moment, indécis du côté où tomber ! Grâce à Dieu, il retomba à l’endroit. Rynko en fut quitte pour la peur, et moi aussi, car j’assistais, impuissant, à ce qui aurait pu se terminer en drame. Je décollais pour survoler l’opération que Rynko venait de quitter, et je n’en menais pas large. Nous allions souvent dans le Grand Sud, vers Géryville, El-Abiod, Méchéria, Aïn-Sefra, où les paysages sont extraordinaires. J’étais conquis par leur beauté qui, selon l’heure du jour, prenait des couleurs magnifiques. Des panoramas magiques ! Nous étions aux premières loges, dans nos avions, pour les admirer. Extrait du livre Mille jour dans les airs de Jean-Renaud Guillemot (Amazone)
L’année 1959 passa ainsi, avec ses accidents trop fréquents, ses drames, souvent dus à la surcharge des T-6, au vol en montagne à basse altitude. Il n’était pas rare qu’on remonte un talweg, collé à une de pentes de manière à avoir toujours la place de faire demi-tour, mais la vitesse diminuait insensiblement, le talweg devenait plus étroit et bientôt la place allait manquer pour tourner. Le col devenait inaccessible, nous n‘avions plus assez d’énergie pour transformer la vitesse en altitude. Il fallait être fin manœuvrier pour effectuer un demi-tour, presqu’un renversement à 45°d’inclinaison, la manette plein gaz, l’hélice plein petit pas, le palonnier en haut du virage et la bille « dans le trou », moyennant quoi, on pouvait espérer pivoter le T-6 quasiment sur place, soutenu par le souffle de l’hélice, mais c’était un jeu dangereux. Je me suis quelques fois laissé surprendre ainsi et je m’en suis sorti de justesse. Mes heures de Stampe à Saint-Yan m’avaient servi ! Extrait du livre Mille jour dans les airs.