Pancrazi Jean-Noël : « La montagne » N°Inv.2435
Ce livre est grave, construit sur le souvenir d’un terrible deuil et de la tristesse démesurée qui l’accompagne : l’assassinat de six enfants, camarade du narrateur, un jour de printemps 1962, juste avant l’indépendance de l’Algérie, dans les Aurès – « la montagne » – qui donne son titre au récit. En lisant les longues phrases de Jean-Noël Pancrazi nullement sinueuses mais au contraire précises, attentives jusque dans la douleur la plus déchirante, on retrouve l’art de l’écrivain qui agence et compose les phrases pour nous offrir une grammaire du sentiment, de l’émotion, mot tant galvaudé aujourd’hui.
Tout lecteur et lectrice de ce témoignage exprimera sa reconnaissance…
Ed. « Gallimard. »
D. Laurens-Berge.
Monneret Jean : « La désinformation autour du film « Hors-la-loi » » N°Inv.2434
Petite mise au point d’une centaine de pages écrites par Jean Monneret, historien rigoureux. Le contenu ne traite pas seulement du film de Rachid Bouchareb « Hors la loi » sorti en 2010 et très mauvais au demeurant, mais des évènements du Nord-Constantinois de mai 1945 et de certains aspects de la guerre d’Algérie (1954/1962).
D’après un poème chinois un mensonge répété mille fois finit par prendre les apparences d’une vérité !
« Désinformation », c’est bien le mot juste du titre qui raconte comment une insurrection violente, entrainant la mort de civils innocents est ainsi transformée en gentille manifestation pacifique ! L’auteur égratigne au passage le très médiatique – énervant – Benjamin Stora…
Ed. « L’étoile du Berger. Atelier Fol’fer. »
D. Laurens-Berge.
Maso Marithé : « Cuisine Familiale de Sicile et d’Algérie Fiches de spécialités ensoleillées de Marithé Maso » N°Inv.2411
Manger est un sentiment et « ne pas savoir manger c’est ne pas savoir vivre » selon un axiome bien connu !
Ni guide gastronomique ni manuel de savoir vivre, ce recueil de 50 fiches de recettes nous invite à « goulayer » quelques spécialités siciliennes et algériennes.
Du « Poulpe à la Palermitaine » au « Poulet aux citrons confits à l’Algéroise », en croisant le fameux gâteau de Pâques sicilien « La Cassata de Nazzarena» et les succulents beignets «Les Zalabia », Marithé Maso, bercée par une cuisine familiale bi-culturelle parsemée de recettes ensoleillées, nous donne à retrouver toute la quiétude des souvenirs d’enfance où « les goûts et les couleurs se répondent ».
Ed. « Les Presses Littéraires. »
D. Lauren-Berge.
Forin-Pillet Noèle : « Saint Augustin, mon père » N°Inv.2432
Le titre de ce roman est à lui seul l’illustration du combat spirituel d’Augustin d’Hippone, Père de l’Église.
Dans ces lettres écrites à un camarade, un jeune homme, Adéodat, raconte l’itinéraire social, philosophique et spirituel de son père qui n’est autre que saint Augustin (354-430). L’adolescent nous livre le quotidien banal de l’Afrique romanisée, puis la vie à Rome à Milan et à Cassiciacum, lieu charnière de la conversion d’Augustin.
Dans cette évocation très documentée Noèle Forin-Pillet écrit avec chaleur un roman familial passionnant. Le portrait de la mère d’Adéodat, enfant adultérin, est tracé avec une grande délicatesse ainsi que l’omniprésence de sa grand-mère Monna ( Sainte Monique mère d’Augustin ). La force de ce premier roman, paru en 2007, est de donner à comprendre à la fois l’admiration et l’incompréhension que le jeune fils éprouve face à un homme qui prends des décisions si radicales et nécessaires pour le bien de sa vie spirituelle. Dans les pas du jeune Adéodat, c’est tout un pan de vie qui est éclairé sur fond d’un voyage érudit dans l’Empire Romain.
La « Sixième période » qui suit la mort prématurée d’Adéodat, ce fils tant aimé, et qui précède la nomination d’Augustin comme Évêque d’Hippone, est une magnifique et poignante réponse d’amour paternel transcendé par un amour divin.
La richesse de ce récit traduit bien l’attachement de l’auteure pour Saint Augustin, tellement homme et tellement Saint dans sa quête de la Vérité !
Ed. « Presses de IGD » 52200. Langres.
D. Lauren-Berge.
Maillot Pierre : « Des Nouvelles du Cimetière de Saint-Eugène » N°Inv.2433
Né à Alger quand la ville « avait encore un parfum de l’antique Icosium », Pierre Maillot nous propose dans une écriture cinématographique dont il est spécialiste, une suite de cinq Nouvelles émouvantes, hautes en couleur d’une Algérie à jamais perdue. Pour autant, le narrateur ne tombe pas dans une nostalgie mortifère. « Pour éviter la noyade » qui s’appelle oubli ou rejet, Pierre Maillot s’est fait scaphandrier, mais, prudent, n’explore que les profondeurs de la mémoire collective et ses échos en nous, devenus orphelins du passé.
Il met en scène les évènements qui jalonnent la période de l’entre-deux guerres, celle de 39/45 et celle qu’il appelle « de Numidie» la guerre d’Algérie 54/62. Autant dire que les personnages qu’il présente pourraient être chacun et chacune de nous : « Le cousin René », « L’école Molbert », « La cariole de Bouzid » et « A bord du Sidi-Ferruch » sont des moments de lecture qui nous comblent d’une joie de vivre retrouvée.
Mais c’est le style d’écriture qui captive: un poème en prose, des dialogues « à la Audiard » et une philosophie de la vie qui ramène à l’essentiel du quotidien traversé par la force de l’humour tendre.
Ed. « L’Harmattan » Graveurs de Mémoire.
D. Lauren-Berge.