Le Cercle de Lyon, a perdu à l’automne dernier, une de ses (fidèles) adhérentes, et bien au delà du Cercle, les milieux artistiques ( beaucoup d’amis, dans la région Lyonnaise ) ont perdu avec Monique, une « valeur », mieux, une source intarissable de « valeurs » qui produisait du « beau ».

Si tant est que l’on puisse au singulier, et par sèche terminologie, définir une personnalité comme celle de Monique, multiple et attachante, impossible à enfermer définitivement.

Monique Clavaud, c’était des sons, et rien ne pourra les reproduire ici, Monique Clavaud, c’était des couleurs, et rien ne pourra les reproduire ici, Monique Clavaud, c’était des livres (remplis de couleurs) et des tableaux. C’étaient des poèmes et aussi une thèse sur Berloz. Une imagination débordante, et simultanément, un enracinement et des souvenirs (parfois douloureux).

Elle appartenait au Cercle Algérianiste de Lyon. Et à d’autres ‘société savantes, dont l’UERA.

Chez nous, peu d’amis la connaissaient. Elle n’était jamais venue à la Bibliothèque, ni à une causerie du jeudi ( mais elle caressa un moment le projet d’en faire une ), ni à un diner-conférence. Monique Clavaud était un personnage« à part ». Gâtée par les fées, très consciente, débordante de talents. Dieu sait si les talents dont lourds à supporter, par ceux qui les ont reçus !l!l.

Créatrice, poète (non ésotérique), peintre, musicienne, Monique était tout cela, les trois en une ..

Pour vous la faire connaître, (un peu), donnons la parole à Mr Jacques Bruyas, un lyonnais, qui prononça son éloge funèbre, et la connaissait bien.

L’Union des Écrivains Rhône-Alpes déplore la disparition d’un des leurs. Nous apprenons, ce dimanche, le décès de Monique Clavaud et de sa mère dont elle était si proche. Nos pensées vont à ses amis.

Monique Clavaud nous a quittés. Je suis assommé par cette nouvelle.

J’ai connu Monique il y a presque quarante ans, et elle était une jeune fille très timide, rougissante à la moindre approche d’autrui, mais capable cependant d’enthousiasmer un auditoire par sa maîtrise du piano ou ses déclamations poétiques ponctuées de silences aussi expressifs que les mots.

Les fées s’étaient penchées sur le berceau de la petite Monique, poète, peintre, musicienne, née de l’autre côté de la Méditerranée. Monique avait connu, par ailleurs et de façon induite, un parcours spirituel prolongé par l’accompagnement à l’orgue des offices de son église de paroisse.

Difficile de croire que la vie s’est retirée d’elle alors qu’elle fourmillait sans cesse de projets, d’envies de s’exprimer à travers ses multiples talents et difficile de croire que sa maman n’a pas supporté la vie sans elle et que la mort se soit emparée des deux en moins d’une semaine.

Elle restera en le cœur de tous comme cette « coccinelle» ( dont elle collectionnait les effigies et les représentations sous toutes les formes ), une petite créature du Bon Dieu, un feu d’artifice dont il nous manquera toujours le bouquet …..

Nos pensées à· ses proches et une bise au delà de nos consciences.

Jacques Bruyas.

Ses livres sont quasiment introuvables, sauf peut-être « Mon paradis perdu » (Ed.Atlantis), ( Collection France-Algérie 2012 ), et aussi « Carnets Intimes d’Hector Berlioz » (Ed.La Taillanderie), et « Berlioz, visages d’un masque » (Ed.Le Jardin de Dolly. Lyon).

Mon Paradis perdu, a été écrit à Villeurbanne. Il est sous titré « une enfance algérienne. Oran 1954 – 1962) », et préfacé par Maurice Calmein; l’un des fondateurs du Cercle.Algérianiste. Ce petit livre, agrémenté de photos, se lit et se relit. L’insistance sur certains petits malheurs quotidiens perturbant une enfant peut surprendre. C’était pourtant le paradis. Et l’hyper sensible qu’était restée, (un enfant) (elle le dit), Monique Clavaud l’explique bien.

Citation pour ne pas trahir la poésie de l’auteure :

« J’aurais pu être heureuse … je dormais à côté des fées. Elles fleurissaient sur le rebord de la fenêtre de ma chambre. Les « grands » disaient que c’étaient des fleurs. Je savais qu’elles étaient extraordinaires. J’aurais pu être heureuse… Mais je suis née le 9 mai 1954 à Oran en Algérie française. ]e ne pouvais savoir qu’à peine six mois plus tard, j’ai vu le ciel pur de mon enfance se charger d’ombres, d’inquiétudes, des nuages noirs des incendies, des rafales de mitraillettes… Le Destin s’est accompli et le paradis de mon enfance fut définitivement perdu. J’ai du attendre une cinquantaine d’année pour avoir la force d’affronter ces souvenirs. Je suis toujours l’enfant devant une mer immense, appuyée sur un arbre mort en face de l’histoire. »